lundi 2 juillet 2012

La révolte du peuple singe



À travers l'exemple de l'Inde, nous allons ici évoquer les conséquences sociales inattendues de l'expérimentation animale sur les singes.

Comme on le sait, l'Inde est un pays à forte population végétarienne ; les animaux y sont très respectés, particulièrement les vaches, les éléphants, les serpents et les singes. La vénération des hindous envers les singes remonte au Ramayana, une épopée très ancienne dans laquelle le prince Rama est aidé par le peuple singe – en particulier le dieu Hanuman – afin de libérer son épouse Sita enlevée par le démon Ravana. Ce récit légendaire est sans doute fondé sur des faits réels : la jungle bordait alors le confluent du Gange et de la Yamuna, à l'emplacement de la ville actuelle d'Allahabad (alors que la ville était déjà construite dans le Mahabharata plus tardif) et le roi de Lanka possédait un somptueux char volant obéissant à la pensée (Ramayana de Valmiki V, 8 et VI, 121). Il est possible que les singes alliés de Rama aient été en fait des populations tribales habitant la forêt, mais là n'est pas le problème.

Dans la capitale New-Delhi, hommes et singes vivaient dans une relative bonne entente jusqu'à ces dernières années. Les langurs, singes à la face noire et à la longue queue – les plus sacrés – vivaient plutôt dans la jungle, et les macaques ne pullulaient pas en ville comme aujourd'hui, se contentant de quelques chapardages occasionnels.
La situation a commencé à devenir problématique au début des années 2000 avec une population de macaques estimée à 20 000 individus pillant les maisons, saccageant toits, terrasses et lignes électriques, agressant passants et enfants en infligeant de graves morsures.
New-Delhi n'est du reste pas la seule ville affectée, mais les nuisances occasionnées par les singes y sont plus sérieuses qu'ailleurs.
Depuis 2007, la municipalité de New-Delhi fait capturer les singes qui sont envoyés dans un centre de rétention en banlieue, mais les macaques s'en échappent et reviennent en ville, encore plus féroces.
Il y a bien quelques langurwala : des gardiens assortis d'un langurtransporté sur le porte-bagage de leur bicyclette, qui sont chargés de chasser les macaques délinquants. Le langur est en effet l'ennemi naturel des macaques, qui le redoutent. Il est plus souple, plus rapide et, en principe pas agressif envers l'homme. À Hampi, dans le sud de l'Inde, j'ai vu un grand langur mâle solitaire me faire de l'intimidation afin que je lui libère le passage d'une ruelle, puis escalader en quelques secondes le portail d'un temple d'une vingtaine de mètres de hauteur.

Langur femelle et son petit
Jeune femelle langur  accompagnée de son petit

Dans certains quartiers de New-Delhi, pour les commerçants et les habitants, la vie est devenue problématique. Il suffit qu'une fenêtre soit mal fermée pour qu'une bande de macaques s'introduisent dans une cuisine, semant la dévastation dans la pièce en quelques minutes.
Comment en est-on arrivé là ?

Une primatologue indienne nommée Iqbal Malik a découvert qu'à la fin des années 80, la municipalité de New-Delhi a commencé à capturer les singes en brisant les liens familiaux et désorganisant la structure sociale des macaques. C'est alors que les singes ont commencé à pénétrer dans les habitations à la recherche de nourriture.

Mais le pire, c'est que depuis son indépendance – en 1947 – jusqu'en 1978, l'Inde a exporté chaque année de 20 000 à 50 000 macaques mâles aux États-Unis vers des laboratoires pratiquant l'expérimentation animale. Capturés dans la région de New-Delhi, ces singes étaient utilisés non seulement pour tester des vaccins, mais aussi des armes, en violation des accords passés entre l'Inde et les États-Unis (Source : Courrier International n°1121 du 26 avril au 2 mai 2012 p. 32).
Ainsi, il semble que les déprédations commises par les macaques dans la région de New-Delhi soient la résultante directe des tortures subies par leurs congénères déportés dans les laboratoires américains pratiquant la vivisection. Vu sous cet angle, la vénération des hindous envers les singes apparaît toute relative ; le sentiment religieux pouvant faire figure de vernis masquant une absence de réelle compassion.

Je rappellerai ce que Gandhi disait de l'expérimentation animale :
« La vivisection m'inspire une horreur sans nom. J'estime impardonnable ce massacre de vies innocentes, perpétré, soi-disant, au nom de la science et dans l'intérêt de l'humanité. Je dénie toute valeur aux découvertes scientifiques souillées par un sang innocent ».
Les politiciens véreux de New-Delhi arborent volontiers le kurta-pygama de khadi  blanc (vêtement filé et tissé-main en référence à Gandhi), mais ils ont bien oublié le message du « père de la nation ». Un retour aux sources s'impose.

Les deux extraits suivants d'un message du peuple singe transmis à Caroline Leroux, une vétérinaire québécoise pratiquant la « communication intuitive », illustrent mon propos :
« Humanité, cessez de penser que, par la souffrance que vous nous infligez dans vos laboratoires, vous trouverez réponse à vos multiples problèmes de santé. La torture engendre la torture, la souffrance engendre la souffrance, la peur engendre la peur, car la vie est aussi un très puissant miroir ». […]
« Vous ne devez pas singer nos agissements, mais bien savoir qu'ils sont un reflet de vos agissements, de vos croyances, de vos actions. Si les humains vivaient en paix, à l'intérieur comme à l'extérieur, les singes seraient les premiers à changer leur comportement... Puis les autres animaux changeraient aussi... » link

En attendant, l'expérimentation animale sur les singes se poursuit plus que jamais, notamment en France. Cependant, l'opinion publique commence à évoluer et les associations de défense des animaux se faisant plus actives, les laboratoires évitent de publier leurs chiffres depuis une dizaine d'années, se réfugiant dans le secret. Les rares témoignages qui filtrent de ces temples de la torture sous bannière scientifique laissent entrevoir un culte du sadisme organisé et encouragé par des psychopathes. Tout ça pour mettre au point des médicaments censés guérir des maladies, ou encore destinés à l'élaboration de produits cosmétiques (plutôt testés sur des lapins en l’occurrence).

Sait-on également dans quelles conditions les singes sont transportés vers l'enfer ? À l'intérieur de caisses en bois, sans possibilité de les ouvrir pour nourrir ou abreuver les bêtes durant le voyage. « Un voyage peut durer jusqu'à 60 heures ! Selon la British Union Against Vivisection, 8 primates sur 10 meurent avant d'atteindre les laboratoires » (http://airsouffrance.fr). Autrefois, la France a pratiqué la traite des noirs vers les plantations de canne à sucre ou de coton des Amériques. Aujourd'hui, Air France est l'une des dernières compagnies aériennes à accepter de transporter des primates vers le lieu de leur supplice. Elle est même leader dans ce domaine. Cela ne semble pas lui porter chance, car Air France est désormais dans une situation financière plus que précaire.

L'expérimentation animale est indigne de la société évoluée que nous prétendons être. Elle doit prendre fin et en premier lieu sur les singes.

Je terminerai par ces propos recueillis par Daniel Meurois et Anne Givaudan auprès « des entités directrices du monde animal » :
« L'expérimentation animale doit être considérée comme un acte de barbarie pure ». […]
« L'espèce humaine s'est constituée, notamment durant ces dernières décennies, un karma pesant envers le monde animal. Le problème n'est pas de modifier notre attitude par crainte de ce karma car la peur n'ouvre pas le cœur. Le problème est plutôt d'apprendre le respect des animaux et de désamorcer tout germe de cruauté dans les consciences qui se prétendent humaines ». (Le peuple animal, éd. Le Passe-Monde).

Victor Hugo – le plus grand écrivain français – fut aussi le premier président de la Ligue contre la vivisection. Hugo eut droit à des funérailles nationales grandioses. Il est temps pour nous de faire notre deuil de l'expérimentation animale.