lundi 12 novembre 2012

Les "Matin Magique" de Marie Pier...


«Rechercher la permanence de soi dans le regard des autres, c’est comme tenter de fabriquer un emplâtre avec du vent.»
– Guy Finley

Je vous écris toujours en direct de Miami, au son des vagues et de quelques enfants qui chantent. (Il ne manque que deux ou trois arcs-en-ciel et des chérubins qui jouent de la harpe en tenue d’Adam…)

Je passe la majeure partie de mon temps à écrire et à marcher sur la plage, depuis mon arrivée, mais j’en profite également pour magasiner. C’est loin d’être mon activité préférée, mais il y a une grande concentration de boutiques qui vendent des vêtements à mon goût, ici, donc c’est le moment idéal pour garnir ma garde-robe. Et je dois dire que le processus est étonnamment agréable… car tous les endroits où je vais sont fortement imprégnés des bons moments que j’y ai passés avec ma mère. Elle était passionnée de vêtements, donc magasiner avec elle était toujours une fête.

J’ai donc essayé pas mal de vêtements au cours des deux dernières semaines. Et pendant que je regardais mon reflet dans le miroir d’une cabine d’essayage, avant-hier, je me faisais la réflexion qu’il est intéressant d’observer ce qui m’amène à acheter un vêtement ou non. Ou plutôt, il est intéressant de me rappeler comment c’était avant. Car pendant longtemps, on pourrait dire que je ne participais quasiment pas au processus de décision. Je ne me demandais pas si je me sentais bien dans le vêtement, ou si j’avais envie de le porter… Non, je voulais juste savoir de quoi j’avais l’air. Vous me direz qu’il est normal de se demander de quoi on a l’air en de telles circonstances; le hic est que c’était la seule question que je me posais. Je me regardais à travers les yeux des personnes qui me verraient marcher sur la rue ainsi vêtue, et j’essayais d’imaginer ce qu’elles allaient penser.

(En passant, je n’ai pas acheté la robe que j’essaie sur la photo d’en haut. Avec la saison froide qui commence, je ne vois pas quand je porterais une robe d’été...)

La façon dont on fait une chose est généralement représentative de la façon qu’on les fait à peu près toutes. Ainsi, ces pensées ne me traversaient pas l’esprit que dans les cabines d’essayage. Non, je vivais à l’extérieur de moi presque constamment. J’avais des idées sur ce que j’aimais ou n’aimais pas, mais c’était plus de la théorie que de vraies préférences, et j’étais trop occupée à me soucier de l’image que je projetais pour approfondir la question. Quand il y avait des gens autour, j’essayais de deviner l’opinion qu’ils avaient de moi. Quand j’étais seule, je me regardais à travers les yeux d’une sorte d’assistance imaginaire à laquelle je tentais de plaire. Les membres de cette assistance avaient parfois des visages connus, mais la plupart du temps, ils étaient «les autres», tout simplement. Et puisque ce n’était pas de vraies personnes, je pouvais bien sûr les imaginer aussi critiques et exigeantes que moi.
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Vous reconnaissez-vous ici?

Oh, on peut vivre ainsi pendant longtemps sans même avoir conscience de ce qui se passe, et donc sans même penser à changer quoi que ce soit. Pour nous, c’est normal. Du moins, ça l’était dans mon cas… Je ne réalisais pas que je vivais à travers les yeux des autres, car pour moi, les yeux des autres étaient les miens. La bouffée d’énergie que me procurait leur approbation pouvait facilement être confondue avec la joie. Et j’ignorais que j’étais presque constamment en prestation, car je n’avais jamais vraiment connu autre chose, donc comment pouvais-je m’en rendre compte? Je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond, mais j’étais justement trop déconnectée de moi pour y porter vraiment attention. Et le fait est que j’étais satisfaite, d’une certaine façon. Au fond, si notre but est de plaire et qu’on réussit la majeure partie du temps, pourquoi changer quoi que ce soit? Si on préfère l’amour des autres au nôtre, quel est le problème?

Le problème est bien sûr… Hmm par où commencer? ;-) Disons que comme je l’ai finalement constaté après plusieurs années, il y a une douleur subtile mais extrêmement profonde qui commence à nous habiter et que rien ne semble apaiser. Car chaque fois qu’on sort de nous pour quelque raison que ce soit – que ce soit pour plaire aux autres, ou pour essayer de les rendre heureux, ou pour une combinaison des deux – on s’abandonne complètement. On s’abandonne, et on déclare sans le réaliser qu’on n’est pas important. Ainsi, même si on réussissait à obtenir l’approbation de la planète entière, ce serait comme du vent. Comment pourrait-on se sentir aimé et valorisé quand la personne la plus proche de nous nous ignore constamment?

Utiliser les autres pour se remplir est l’équivalent d’aller cueillir des fraises en Antarctique : c’est toujours infructueux… et épuisant.
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Il y a donc une question que j’ai très envie de vous poser, Louisa, si vous vous reconnaissez un tant soit peu ici. Elle va ainsi : comment vous sentez-vous? Je ne fais pas référence à ce que vous pensez, ou à comment vous vous sentez en surface, mais à ce qui vous habite profondément. Oh, c’est une question incroyablement simple, mais elle est aussi incroyablement puissante, car elle nous ramène à l’intérieur de nous immédiatement. Et s’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que le simple fait d’être présent à nous est le plus grand geste d’amour possible… Car qu’est-ce que s’aimer, sinon que se porter attention? Si on veut manifester notre affection à une autre personne, on peut bien sûr lui offrir de petites douceurs et faire l’éloge de ses qualités, mais la chose la plus importante que l’on puisse faire, au départ, est simplement de s’intéresser sincèrement à ce qu’elle ressent. Le principe est le même si cette «autre personne» est soi-même.

Ainsi, comment vous sentez-vous? Et la question qui suit naturellement est : de quoi avez-vous vraiment envie ou besoin, en ce moment? Il est difficile de répondre à ces questions si on a l’habitude de chercher notre bien-être à l’extérieur... Cela dit, dès qu’on commence à les explorer sincèrement, on entre complètement en nous et le public – imaginaire ou non – est relégué au second plan. Cela peut créer un vide au début, car quand l’attention vient de nous, elle semble moins délicieuse et satisfaisante. Elle est certainement moins exaltante. Mais on y prend goût au fil du temps. Surtout lorsqu’on réalise qu’on n’a pas vraiment d’autre option, finalement. ;-)

Ainsi, je vous demande une dernière fois : comme vous sentez-vous? De quoi avez-vous besoin profondément? Oh, et puisque l’on abordait le sujet un peu plus tôt : qu’avez-vous envie de porter aujourd’hui? Je peux déjà deviner que ce sera absolument magnifique… Car quels que soient les vêtements que vous décidez de vous mettre sur le dos, vous serez dedans.

Passez une magnifique journée!
Marie-Pier

Pssssst : Merci infiniment de partager la magie avec vos proches! D'ailleurs, si vous recevez ce courriel d’un ami qui a eu la gentillesse de le partager avec vous, notez que vous pouvez vous abonner sans frais à Matin Magique surhttp://www.matinmagique.com et recevoir de petites doses de magie – comme ce message – directement dans votre boîte courriel. Je serais ravie de vous accueillir dans la grande famille magique. :-) 


Pensée du jour...


Vous n’avez aucune raison de revenir en arrière maintenant pour revivre, ou réparer, ou nourrir des regrets. Chaque partie de votre vie s'est déroulée exactement comme elle le devait. Et donc — aujourd’hui — en sachant tout ce que vous savez depuis le point où vous en êtes, que voulez-vous désormais ? Les réponses sont en train de vous arriver. Allez donc dans la joie, et passez à autre chose.